2008 - Projet Vauban
Collège Vauban à Maubeuge

L'espace public : La demande d'investir le territoire commun coïncide parfaitement avec ma démarche artistique et citoyenne. En effet, je m'obstine à vouloir revaloriser le champ des libertés d'action et d'opinion dans la cité. La priorité donnée au mercantile et au sécuritaire a imperceptiblement rétréci l'espace public. J'apprécie donc votre démarche d'ouvrir et d'intégrer au maximum le collège dans le quartier de Douzies. D'ordinaire, les décideurs manquent de courage pour ouvrir l'espace public. Outre la peur de perdre des électeurs, ils craignent de voir la liberté d'expression engendrer du désordre. Ils oublient qu'elle sert au moins de soupape de sécurité pour la cité. La création de communication et d'implication de proximité participe à l'émancipation des relations humaines. Elle s'inscrit dans la continuité de l'arbre à palabres, de l'agora et autres pow-wow. Ce renforcement concret du lien local compense l'éparpillement du lien global, indispensable mais trop virtuel.
Le lien avec Vauban : Le parrain emblématique du collège est un bel exemple de franchise, d'honnêteté, d'opiniâtreté, et de lucidité. Ce visionnaire est, entre autres, un précurseur de la pensée et de la monnaie européenne. Il me fascine pour son obsession à se poser des questions, observer les populations, analyser les situations et trouver des solutions. Ses fortifications de dissuasion ont créé une confiance propice à générer l'opinion et l'espace publics. Je me suis inspiré de sa science de l'environnement et des volumes pour vous proposer une forteresse de la citoyenneté. L'aspect géométrique et scientifique prend beaucoup d'importance dans ma démarche sans altérer l'artistique et le poétique.

Proposition : L'idée est de poser une œuvre significative et emblématique à l'entrée du collège. L'aspect énigmatique et totémique interroge. La scénographie invite à l'appropriation de la rue pour inventer de nouvelles relations urbaines. Cette citadelle des empathies, fortement inspirée par l'œuvre de Vauban, permet aussi de relativiser et respecter la vie en prenant conscience de notre place dans l'uni-vers. L'étude ludique des volumes spatialise à plus d'un titre.

Spatialisation sociétale : Notre civilisation est la seule à s'être à tel point fourvoyée dans l'individualisme. Il est urgent et primordial d'enseigner à nos enfants qu'ils existent aussi en tant qu'éléments d'un tout. Cette conscience, ou inconscience, collective est présente à l'état embryonnaire, dans l'inné, mais a besoin d'être entériné et enraciné très tôt, dans l'acquis, par l'éducation et l'exemple.
Spatialisation mentale : L'appréhension de la géométrie du monde en trois dimensions écarquille le cerveau. Elle oblige à une gymnastique mentale qui muscle l'analyse intuitive trop souvent négligée dans le cursus scolaire. Cette conceptualisation, sans l'aide de la main et du papier, est prédominante et indispensable pour l'élève. De la même manière qu'une bonne assimilation du parler facilite grandement l'apprentissage de l'écriture. La syntaxe et la grammaire préexistent dans le langage verbal.
Spatialisation temporelle : Comme dans beaucoup de mes projets, je fais intervenir le soleil sur un analemme pour matérialiser le temps qui passe. Trop peu de gens connaissent ce huit allongé que dessine le soleil sur notre planète en une année complète. Même un enfant peut révéler cette figure magique en repérant quotidiennement pendant un an, à la même heure, le sommet de l'ombre d'un bout de bois qu'il aura planté. Ce huit, emblématique du mouvement perpétuel, est peut être à l'origine du symbole de l'infini. Il est exactement le même dans n'importe quel point du monde et à n'importe quelle heure de la journée. Un merveilleux symbole d'unité mondiale à méditer
Scénarisation : Les volumes sont générés par des nombres extraordinaires qui incarnent à eux seuls les sciences, les arts et les processus de reproduction. Cette imbrication d'équations laisse entrevoir la beauté et la magie des mathématiques. Elle est propice à éveiller ou stimuler nos soifs de connaître. L'apprentissage doit être comme une chasse au trésor et non une corvée laborieuse. Il se pratique efficacement dans le partage et l'échange, plutôt dans la concertation que dans la compétition. Dans ce dessein, la structure principale fait office de scène. Elle est composée d'une agglutination de cadres parallélépipédiques ajourés et judicieusement imbriqués. Ils sont tous intimement liés entre eux par leurs dimensions et leurs proportions. Chacun est une fenêtre précisément orientée vers un point essentiel et référentiel de la terre ou du ciel. Le plus grand cadre est unique. Il donne naissance à une succession de générations de cadres de plus en plus petits et de plus en plus nombreux. Ce processus de duplication se perpétue autour de cette scène des quatre vents. Les éléments sont désormais dissociés et dispersés en étoile. Ils font office de table ou de siège et chacun peut s'y positionner, plus ou moins haut, par rapport à ses camarades. Cet hétéroclisme procure une sensation de liberté qui participe à une bonne appropriation du site par les élèves. Ce théâtre des spontanéités peut s'avérer un outil efficace pour rechercher et développer de nouvelles conventions éducatives basées sur le partage et la mise en valeur du savoir. Ce pourrait être des projets similaires aux opérations main à la pate inspirés par le prix Nobel de physique Georges Charpak. Je pense, comme lui, qu'apprendre à raisonner est primordial dans l'éducation. Le dispositif sera un outil intéressant pour toutes sortes d'expériences scientifiques propices à déclencher l'émerveillement et rebondir sur des considérations philosophiques, poétiques voir sociales. Un seul petit émerveillement sur les beautés de l'infiniment grand à l'infiniment petit de l'univers peut être l'étincelle qui suffit à enflammer la passion d'apprendre et d'entreprendre pendant toute une vie.
Mathé-magique : J'utilise deux nombres remarquables pour engendrer les volumes et les harmoniser entre eux :
les scientifiques, les architectes, les artistes, les penseurs et autres créateurs les ont généreusement utilisés au cours des temps, en particulier aux époques où les mathématiques, la philosophie, la poésie et les autres disciplines faisaient bon ménage.
La racine carrée de 2 = 1,414213562 373095048 816887242 096980785 696718753 769480731 766797378 ...

Sa rigueur et sa puissance mathématiques nous enracinent dans le matériel. On la retrouve gravée sur une petite tablette d'argile par un scribe mésopotamien, il y a près de quatre mille ans. Elle intervient dans de nombreux domaines comme la photographie, la musique ou l'électricité. Elle permet de créer les seuls rectangles qui puissent être pliés en deux à l'infini sans changer de proportions. Plus largement, ce nombre étonnant permet de doubler ou diviser la surface de n'importe quelle figure géométrique en multipliant ou divisant les dimensions qui la caractérisent. De la même manière, il multiplie ou divise par quatre les volumes.

Le nombre d'Or = 1,618033988 749894848 204586834 365638117 720309179 805762862 135448622 7052604 ...

Sa poésie et sa créativité nous ouvrent des fenêtres intemporelles. On le retrouve immergé dans la mer des Bahamas avec le temple d'Andros, il y a près de 10 000 ans. Il est inscrit dans la nature, du nautile à la fleur de tournesol en passant par la pomme de pin ou l'ananas. Il intervient aussi en architecture, en musique, en peinture et dans d'autres disciplines artistiques ou techniques.

Synopsis de création
Première séquence : Je commence par concevoir un parallélépipède original dont les trois dimensions sont étroitement liées par la racine carrée de 2. En effet, l'épaisseur multipliée par racine carré de 2 donne la largeur, elle-même multipliée par racine carré de 2 donne la longueur. Pour déterminer l'échelle de ce premier module de base, j'intègre les deux formats papier, A4 et A3, dans les faces principales. Ces rectangles emblématiques de l'écriture et du dessin s'inscrivent dans l'imaginaire de l'élève tout au long de ses études. Ces supports de la créativité et de l'inventivité font partie de la judicieuse norme internationale ISO 216. Elle part du format A0, un rectangle de 1 mètre carré dont la longueur est égale à la largeur multipliée par racine carré de 2.
Bloc étalon de base :
Grande face = format A3 = 42 x 29,7 cm
Petite face = format A4 = 21 x 29,7 cm
Face moyenne = format 1/2 = 21 x 42 cm
Deuxième séquence : Je creuse un rectangle d'or dans ma brique de base pour réaliser une fenêtre dont la hauteur multipliée par le nombre d'or donne la largeur. Pour accorder ce vide abstrait avec le plein concret, la hauteur de la fenêtre est parfaitement égale à la profondeur du bloc. Ce choix donne une épaisseur assez importante au cadre qui visuellement s'apparente au bandeau que l'on retrouve dans l'architecture du collège, en particulier au dessus de l'entrée principale.
Fenêtre étalon de base :
Face ouverte = rectangle d'Or = 21 x 34 cm
Grande face interne = rectangle d'Or = 21 x 34 cm
Petite face moyenne = carré = 21 x 21 cm
Troisième séquence : J'utilise une nouvelle fois le nombre d'or pour le multiplier les dimensions mon étalon de base. J'effectue plusieurs fois cette opération pour obtenir six générations de cadres homothétiques de plus en plus grands.
Progression des cinq tailles :
Les longueurs vont de 42 à 467 cm
Les largeurs vont de 29,7 à 330 cm
Les épaisseurs vont 21 à 233 cm

Cette scissiparité en chaîne donne 1, 2, 4, 8, 16 et 32 éléments par générations. Le fractionnement exprime les notions de partage et d'essaimage culturel. Pour équilibrer la représentativité de chaque génération, le plus grand module est unique et les autres se dédoublent au fur et à mesure de leur diminution de volume.
Quatrième séquence : J'assemble les 63 éléments pour créer la forteresse emblématique.

Distribution
1 de 1er génération : Le plus grand module délimite un double cadre de scène ouvert sur le Nord et sur le Sud.

2 de 2ème génération : Les deux modules de deuxième taille fusionnent latéralement avec le cadre de scène pour ouvrir deux fenêtres, l'une sur l'Est, l'autre sur l'Ouest. Ils sont inclinés sur l'étoile polaire et une face supérieure est perforée pour laisser passer le soleil au zénith. Un analemme géant est tracé sur la face intérieure opposée. Il donne précisément le milieu de la journée, les équinoxes et les solstices. Celui de l'Est indique plus précisément les jours et les mois de la montée du soleil dans le ciel. Celui de l'Ouest indique ceux de la descente inverse, du solstice d'hiver au solstice d'été.

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4 de 3ème génération : Les quatre modules de troisième taille font office de hublot vers des directions en dehors du plan classique d'orientation. Dans cette rose des vents astrale, trois des hublots sont plantés vers une direction souterraine, le pôle Nord, le pôle Sud et la Croix du Sud. Ils servent aussi de hausses pour le plateau de scène. Le dernier hublot est accroché en l'air, orienté vers l'étoile Polaire. Le soir venu, les habitants du quartier peuvent venir y voir tourner les constellations.

8, 16, et 32 de 4ème ,5ème et 6ème génération : Les éléments, des trois dernières générations, servent de table ou de siège. Ils sont regroupés, par 3 ou par 5, pour dessiner les angles d'une fortification imaginaire. 5 éléments permettent de monter et descendre du proscénium

Implantation : Les proportions et le positionnement de l'installation ne sont pas définitifs. Ils dépendent du cahier des charges, des utilisateurs et des autres intervenants comme l'architecte ou le paysagiste.
Participation : Je compte proposer une collaboration des jeunes pour la finalisation de l'œuvre, avant l'inauguration ou régulièrement au cours du temps. Dans les dessins d'approche que je vous présente, l'intérieur des éléments est coloré pour mettre en évidence les zones réservées pour ces éventuelles expressions individuelles ou collectives, des textes, des tags ou autres graphismes colorés.
Le soir venu, les habitants et leurs enfants auraient pu venir voir tourner les constellations autour de l'étoile polaire centrée dans son hublot d'or.

Frédéric JAUDON - 06.60.82.60.42
144, rue du chemin vert, 75011 PARIS


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