« Au clair de la lune mon ami Pierrot - Prête-moi ta plume pour écrire un mot - Ma chandelle est morte, je n’ai plus de feu - Ouvre-moi ta porte, pour l’amour de Dieu ! »


Du fond de l’enfance, ce chant revient en puissance, me donner conscience du récit à relier à ces photographies. Blues a Way. Devant la capitale Paris, étalée à perte de vue, Belleville 1987.
Un appel irrésistible, je suis descendue du donjon de la rue Piat, pour aller à la rencontre de ceux d’en bas. Mon désir irréversible d’aller dans la rue, aux contacts des autres, s’accompagne de mon regard sur le monde qui m’entoure. Paris – Belleville, le domaine de « SAVIE », les strates de flots, des immigrations successives, excitent ma curiosité. Mon NIKON F2, cadeau de l’esprit du vent, témoin, des mondes en mutations, m’accompagne. La rencontre et l’accueil d’étranges êtres dans mon appareil,photographique, m’investissent d’une responsabilité. Mon exil me projette vers ceux de là, d’ici et d’ailleurs, dans un élan d’humanité et d’intériorité. La conviction audacieuse d’être là, bien en face, présente, devant ces regards, s’enracine profondément dans mon for intérieur. Assister à la déconstruction d’où surgit et s’élève, l’ouvrier étranger, questionne le témoin photographe que je suis. L’interrogation du regard de ces garçonnets, imprègne la pellicule, et elle investit la question de l’enfance.Le combat continuait entre les forces des régressions inconscientes et celles des pensées d’avant-garde où il est divin d’être humain.
Paris – Belleville, La Forge confluences d’origines diverses, aspirations à être altérité, en soi-même fidèle. Le récit de son présent, réel ou fantasmé, relie l’ailleurs et l’ici d’où émergerait sa nostalgie ou son désir d’avenir, au-delà des frontières invisibles.
Paris – Belleville chante et joue les BLUES d’une planète en danger de toutes ses richesses et de toutes ses misères. Audacieuse d’aller voir la face cachée de ces mondes, à quelques pas de chez soi, de chez nous, consciente de l’urgence, je constituais, en souvenirs, la mémoire de l’espoir, des désirs d’advenir. L.M. ELORE Janvier 2010

Belleville